Jouer à l'espion depuis son salon

Pas besoin de s’appeler NSA pour épier son prochain: un site propose d’accéder à d'innombrables données en temps réel. «Préparez-vous à découvrir une réalité que vous ne soupçonniez probablement pas… Vous allez pouvoir accéder aux données qui permettent de contrôler les villes modernes.» Voilà comment le site «We are data» accueille ses visiteurs. La plate-forme vient d’être lancée par la société Ubisoft pour assurer la promotion de son nouveau jeu vidéo, «Watch Dogs», qui sortira en novembre prochain.

Trois capitales en direct

Concrètement, le site propose à l’internaute d’explorer trois villes: Paris, Londres et Berlin. Un plan de l’agglomération choisie se déploie, faisant apparaître une myriade de symboles colorés. Ceux-ci représentent les transports (métro, vélos libre-service), les télécommunications (champs électromagnétiques, relais Internet, wi-fi, mobile), les équipements urbains (distributeurs, panneaux publicitaires, feux de circulation, toilettes publiques, caméras de vidéosurveillance) et les réseaux sociaux (Twitter, Instagram, Foursquare, Flickr). Le visiteur peut passer au crible chaque quartier de la ville. Taux de criminalité, taux de chômage, revenu moyen et consommation électrique s’affichent également. Le tout en temps réel. L’espion amateur peut même aller jusqu’à épier les utilisateurs de Twitter et découvrir leurs gazouillis en direct. Même chose avec Instagram et les photos mises en ligne par les Parisiens, Londoniens et Berlinois. Et tout est vrai.

«We are data» précise que les données recueillies ne sont pas exhaustives: elles ne concernent «que» les sources qui ont donné leur autorisation. «En réunissant pour la première fois toutes ces informations dans un même lieu, nous souhaitons que les gens prennent conscience de la quantité de données produites chaque minute dans une ville donnée», précise Gil Grandjean, manager Ubisoft pour la Suisse.

Le site exploite très habilement l’actualité liée à la surveillance pour la promotion de «Watch Dogs» («chiens de garde» en français). Ce dernier proposera au joueur de se mettre dans la peau d’Aiden Pearce, hacker de son état. Son arme? Son smartphone. Grâce au piratage des données, le personnage est capable de prendre le contrôle des feux de circulation, des caméras de surveillance ou encore de provoquer un black-out. Initié il y a quatre ans, le jeu, en décrivant un «monde devenu fragile, où toutes les données sont interconnectées», a été rattrapé par la réalité. Un monde où l’information n’a jamais été aussi stratégique et mérité autant d’être protégée.

(Le Matin)

Créé: 05.07.2013, 19h36